Les incidents sécuritaires se multiplient en Tunisie depuis
quelques semaines. L’étincelle qui a mis le feu aux poudres est l’assassinat du
leader d’extrême gauche Chokri Belaid. Ce crime qui a semé la terreur dans le
pays a entrainé l’éclatement de plusieurs confrontations violentes (physiques
ou verbales) entre groupes idéologiques ou religieux antagonistes.
La multitude des incidents et leur diversité est de nature à
mettre en relief tout le malaise ressenti par les tunisiens dans un contexte de
morosité économique et pauvreté croissante des ménages.
Nul doute que les chiffres de l’insécurité au ministère de
l’intérieur sont en augmentation exponentielle. Cela peut se vérifier par les
multitudes agressions, perpétrées par foules de délinquants. Les islamistes extrémistes
ont tenté d’attaquer des jeunes lycéens, par exemple, en raison du
« Harlem Shake ». Cette courte scène de danse en groupe a suscité
l’ire des slavistes qui ont tenté de l’empêcher à plusieurs reprises, sans
oublier que le ministre de l’éducation a ordonné l’ouverture d’une enquête
interne sur le déroulement de ces « scénettes » de danse innocente
dans les lycées.
Autre fait grave, la résurgence de découvertes de caches
d’armes plus ou moins importantes, comme celle de Ben Guerdane, dans
l’actualité. Le pays semble avoir été aux mains des criminels aux premiers
jours de la révolution, pour que ces malfaiteurs aient eu la possibilité de
stocker ces armes en toute impunité.
Il ne faut pas être dupe cependant. L’absence de volonté
politique de régler les problèmes du pays laisse entrevoir deux explications.
La première est le manque d’expérience des hommes en place au gouvernement. En
effet ces derniers semblent ivres de leur arrivée au pouvoir et ne ressentent
d’aucune manière le désespoir de tout un peuple face à une situation qui empire
de jour en jour.
Pendant que les classes populaires croupissent dans la
pauvreté, les hommes politiques de la Troïka font de la légitimité des élections
un leitmotiv pour garder leurs places comme s’ils se croyaient éternels à leurs
places de députés ou de ministres. La crise politique enflant chaque jour
davantage, les discussions pour la formation d’un gouvernement s’éternisent et s’accompagnent
de déclarations tapageuses sur l’entrée d’un tel et la sortie de l’autre du
futur gouvernement. Il est primordial
donc de constater que la crise que traverse le pays engendre la violence et non
le contraire.
La deuxième serait plus sous la forme d’une question sans
réponse : » certains leaders politiques ne joueraient pas la politique du
pire qui sert leurs dessins cachés ? ».
Mais la profondeur du malaise, est malheureusement
supérieure aux tentatives de certains politiques de calmer les choses. Pis
encore, certaines déclarations font ressentir davantage les maux du pays
pionnier du printemps arabe à la population au lieu de la réconforter.